Revue vaudoise de généalogie et d'histoire des familles 2013

Sommaire :

  • REAL, Sarah, Les mariages des princes et princesses de Savoie au XVe siècle

  • DELACRETAZ, Yves, Samuel Delacrétaz et ses descendants: l’aventure industrielle d’un pharmacien morgien

  • ANDREANI, Tiziana, De Londres à Vevey : Michel-Vincent Brandoin à la quête d’un statut d’artiste à la fin du XVIIIe siècle

  • FAVEZ, Pierre-Yves, La famille de Rumine et ses armoiries à Lausanne

  • CORNUT, Jasmina, Un « esprit de famille » aux frontières étendues: les Courten aux XVIIe et XVIIIe siècles

  • DI DIO, Tatiana, La sexualité illicite dans un village alpin à l'époque moderne : des réseaux familiaux de solidarité ?

  • SIMONA, Michela, René Bauermeister ou le parcours d’un artiste solitaire dans la généalogie des médias

    Editorial

    En article de tête, ce sont les modalités amenant à la conclusion d’un mariage au sein de l’aristocratie qui attirent l’attention de Sarah Réal. Elle s’intéresse aux étapes successives menant à la conclusion finale des mariages de la descendance des deux premiers ducs de Savoie, Amédée VIII et Louis Ier, au XVe siècle. L’intérêt de son étude est de présenter, à travers quelques exemples, une synthèse inédite de ces mariages. Leur réalisation laisse entrevoir un système complexe servant les ambitions politiques du duché. L’étude des contrats de mariage, ainsi que d’autres documents, met en lumière les différentes caractéristiques de ces alliances comparées entre elles, comme l’analyse des dots qui permet d’évaluer la «valeur» financière des princesses. Son étude livre également une approche spécifique, en mettant l’accent sur l’âge des protagonistes aux différentes étapes préalables du mariage. Le lecteur appréciera l’illustration de cet article principalement due à l’héraldiste français Arnaud Bunel dont la contribution permet non seulement d’illustrer le propos, mais également d’identifier et symboliser les alliances.

    Filiations, études, analyses et comparaisons sont les maîtres mots de ce numéro qui permet d’évaluer les dimensions très vastes des recherches en histoire de la parenté tant par des thématiques pointues que par des monographies familiales ou biographiques. Yves Delacrétaz s’interroge sur l’émergence et la disparition d’entreprises de l’industrie chimique du milieu du XIXe siècle en France. Il illustre son étude par la destinée de l’entrepreneur vaudois Samuel Delacrétaz, initialement pharmacien à Morges, pionnier oublié de la fabrication de produits chimiques et fondateur de manufactures. Malgré l’absence quasi totale d’archives privées, l’auteur dessine un portrait saisissant d’une histoire familiale face aux grandes mutations économiques et modifications permanentes des techniques de production du siècle de l’industrialisation.

    Dans le registre biographique, Tiziana Andreani s’intéresse au statut d’artiste dans le Pays de Vaud à la fin du XVIIIe siècle en prenant le cas particulier de Michel-Vincent Brandoin qui n’apparaît que ponctuellement dans l’historiographie suisse et régionale. En analysant la renommée qu’a connue le dessinateur veveysan au travers de sources d’archives et de témoignages, elle retrace la construction d’une image d’artiste dans une conjoncture alors largement défavorable aux beaux-arts. Son étude soulève notamment de nouvelles hypothèses autour de la figure de Brandoin – issu d’une famille de réfugiés huguenots – de ses relations et collaborations dans le milieu artisanal de Vevey.

    L’identification des armoiries figurant sur des couteaux proposés au Musée historique de Lausanne, inconnues des publications helvétiques, a conduit Pierre-Yves Favez à se pencher sur l’histoire de la famille russe de Rumine qui a marqué de son empreinte la ville de Lausanne au XIXe siècle, où elle n’a pourtant séjourné qu’une trentaine d’années : outre ses largesses philanthropiques, le legs de son dernier membre, Gabriel, a permis la construction du Palais de Rumine. Les armoiries ont pu être identifiées grâce à un dessin de 1858 figurant en tête du registre intitulé Chronique de l’Églantine, du nom de la maison de maître édifiée en 1847, conservé aux Archives cantonales vaudoises.

    La première «invitée», Jasmina Cornut, analyse les interactions intraparentales d’une famille de l’élite valaisanne – les de Courten – entre la fin du XVIIe et le début du XIXe siècle. Elle observe les relations entre le cercle nucléaire familial et sa parenté sur quatre générations à travers trois prismes principaux : les stratégies matrimoniales, la parenté spirituelle et les solidarités parentales professionnelles. Son étude tend à démontrer qu’à la fin de l’époque moderne, les relations entre l’individu et sa parenté proche et étendue ne se tarissent pas. Au contraire, celles-ci restent denses, voire même s’intensifient dans les trois champs d’études analysés.

    À la suite d’Aline Johner qui avait abordé les liens entre sexualité et famille (RVGHF 2012, p. 49‑76) dans la région de Montreux, Tatiana Di Dio poursuit ce questionnement en expliquantl’évolution des comportements sexuels comme simple conséquence d’autres changements sociaux. Elle se demande quelle est la liberté de l’individu face aux pratiques sexuelles, existerait‑il un réseau de soutien à la sexualité illégitime dans certaines familles ? Telles sont les questions centrales de sa recherche réalisée sur un village tessinois à l’époque moderne. Inspirée par la micro-histoire, cette approche particulière tente d’étudier les liens possibles entre sexualité et transformations sociales, en plaçant cette première au centre de l’évolution historique, au même niveau que d’autres phénomènes sociaux, politiques, culturels ou encore économiques.

    Une contribution très originale s’il en est une : la vie et l’œuvre de l’artiste René Bauermeister au travers de la généalogie des médias ! Michela Simona nous propose le portrait de cet homme «anti-généalogique» distant et fuyant les siens, ne parvenant toutefois pas à se défaire de l’influence de son origine familiale sur son œuvre. S’il n’a certes pas eu d’enfant, demeure‑t‑il toutefois sans descendants ?

    Ces différentes contributions partent toutes d’un questionnement fondamental ou parallèle sur la parenté et comprennent une démarche généalogique de base. Elles témoignent de l’extraordinaire potentiel d’ouverture de la généalogie comme science non seulement auxiliaire, mais aussi vectorielle de l’histoire.

    Les auteurs

    • Sarah RÉAL, née en 1986 à Los Angeles, fait des études d’histoire, d’archéologie et d’histoire et sciences des religions à Lausanne entre2005 et 2012. Dans le cadre d’une spécialisation en histoire du livre et édition critique des textes, elle publie un article intitulé «Deux documents inédits sur la nationalité de Benjamin Constant» dans les Annales Benjamin Constant 36. Elle rédige ensuite son mémoire en histoire médiévale, sous la direction d’Eva Pibiri, et l’intitule : Les alliances matrimoniales de la cour de Savoie au XVe siècle et obtient une Maîtrise universitaire ès lettres avec spécialisation en janvier 2013.

    • Yves DELACRÉTAZ, né en 1966 à Lausanne, est ingénieur civil et docteur ès sciences techniques EPFL. Après avoir occupé des postes de direction dans l’administration cantonale vaudoise et genevoise, il devient professeur de mobilité et transport à la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud HEIG-VD. Membre du CVG depuis 1999, il s’intéresse en particulier à l’histoire des familles dans le domaine de l’industrialisation.

    • Tiziana ANDREANI, née en 1987 à Lausanne, obtient sa Maîtrise ès lettres en histoire et histoire de l’art, avec spécialisation en histoire de l’art régional à l’Université de Lausanne en 2013. Passionnée par le siècle des Lumières, elle rédige un mémoire portant sur le rayonnement de l’artiste Michel-Vincent Brandoin dans l’artisanat veveysan à la fin du XVIIIe siècle, sous la direction de Dave Lüthi. Pendant ses études, elle effectue un stage en muséologie et dans une maison de ventes aux enchères tout en prenant part aux inventaires du patrimoine funéraire vaudois et du mobilier du Château de La Sarraz. Ses connaissances et compétences ont été mises à contribution par la rédaction d’articles dans des catalogues d’exposition ou des revues régionales. Actuellement, elle propose des visites commentées en français et en anglais au Musée d’art de Pully et accueille les visiteurs au Musée historique et des porcelaines à Nyon.

    • Pierre-Yves FAVEZ, né en 1948 à Bâle, licencié en histoire médiévale de l’Université de Lausanne, a été archiviste aux Archives cantonales vaudoises de 1983 à 2013. En 1987, il fonde le Cercle vaudois de généalogie qu’il préside en 1987-1990, 1997-1998, 2005-2006 et 2011-2012. Vice-président de la Société suisse d’études généalogiques de 1992 à 1998, il est l’auteur de nombreuses publications dans les domaines de l’histoire, de la généalogie et de l’héraldique.

    • Jasmina CORNUT, née en 1987 à Lausanne, a suivi un cursus académique en histoire et français avec un programme à options à l’Université de Lausanne. D’origine valaisanne, elle a souhaité s’orienter vers le champs de l’histoire de la famille et de la parenté moderne en Valais et rédiger un mémoire intitulé Parenté dans l’élite valaisanne des Lumières : la famille de Courten, entre stratégies, solidarité et amour, sous la direction de Sandro Guzzi-Heeb. Elle obtient sa Maîtrise ès lettres en histoire en juin 2013 et débute actuellement une thèse en tant qu’assistante-doctorante en histoire moderne à l’Université de Lausanne.

    • Tatiana DI DIO, née en 1988 à Locarno, dès 2007 elle étudie l’histoire, l’italien et l’histoire ancienne à l’Université de Lausanne. En août 2013, elle présente son mémoire de Maîtrise en histoire moderne intitulé Parentela, sesso e politica in un villaggio ticinese all’epoca moderna. Illegittimità, contraccezione e reti politiche a Meride (sec. XVII e XVIII), rédigé sous la direction de Sandro Guzzi Heeb. Elle est actuellement en train de terminer une spécialisation en histoire : recherche, exploitation et mise en valeur des sources.

    • Michela SIMONA, née en 1986 à Bellinzona, a obtenu sa Maîtrise ès lettres en histoire de l’art, avec spécialisation en histoire du livre et critique des textes à l’Université de Lausanne en 2012. Elle a choisi de rédiger un mémoire en histoire de l’art contemporain intitulé :René Bauermeister : portrait d’un artiste et de son œuvre vidéographique, sous la direction de Kornelia Imesch Oechslin. Puis elle rédige un mémoire de spécialisation centré sur un échange épistolaire entre Georges Anex et Gustave Roud de 1940 à 1975. Actuellement, elle travaille en tant que lectrice indépendante sur un roman de Massimiliano Viola intitulé Ritorno a Laram, deuxième volet de La Saga di Osgilium. Ce texte est la suite du roman Due lune, un destino écrit par le même auteur et publié en 2010 (Massimiliano Viola, Due lune, un destino, Roma, Gruppo Albatros, 2010).

    Avec le soutien :

    • de la Fondation René Bauermeister
    • de M. Antoine de Courten

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    • Revue 2013 : CHF 50.- (CHF 40.- pour les membres du CVG)

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