Armorial vaudois
L'Armorial vaudois donne des notices sur plus de deux mille familles du pays avec le blasonnement de leurs armoiries, et la description des documents héraldiques. Il contient environ mille cinq cents écus imprimés en six couleurs et rassemblés sur plus de septante planches. Cinq cents écus et autant d'illustrations documentaires, cachets, sceaux, ex-libris, vitraux, pierres sculptées etc. agrémentent le texte et donnent une image parfaite de l'héraldique vaudoise à travers les âges, et permettent de faire connaître les armoiries de chaque famille citée, tant par la description que par l'image.
Avertissement sous forme d'une lettre de l'auteur à M. Arnold Gachet, agriculteur à Bioley-Orjulaz
Monsieur,
Au cours des lettres que j'ai eu le plaisir d'échanger avec vous depuis assez longtemps, nous nous sommes souvent entretenus d'armoiries vaudoises et d'armoriaux vaudois, de ce que sont ces derniers et de ce qu'ils pourraient être. Vous me disiez qu'un armorial ne devrait pas donner seulement un dessin et un nom, mais qu'il devrait aussi ajouter une notice sur ce nom et sur l'ancienneté et l'origine de la famille, sans oublier les variantes d'armoiries qui sont beaucoup plus fréquentes que l'on ne pense en général. Je suis parfaitement de votre avis et comme vous, je crois qu'un armorial de ce genre trouverait assez d'amateurs pour lui assurer un modeste succès.
A mon avis du moins, l'on a le droit de demander à un Armorial vaudois de renseigner le lecteur en tout premier lieu sur les armoiries des familles qui ont influencé d'une manière quelconque l'histoire du pays, comme seigneurs et comme fonctionnaires, tant ecclésiastiques que féodaux. Puis d'expliquer les blasons existant dans le pays, de dire par exemple non seulement que tel écu peint, découvert sous la couche d'un enduit protecteur, rappelle ici le châtelain, là l'évêque ou le seigneur, mais aussi que telle pierre sculptée au haut d'un portail de grange marque la possession, plusieurs fois séculaire, d'une maison par une famille qui cultive encore aujourd'hui les champs aux alentours.
La restrictions aux familles « nobles et notables » des écus aux couleurs éclatantes de nos armoriaux m'a toujours déplu, car pour moi comme pour vous les armoiries paysannes et bourgeoises ont un attrait particulier. L'écu dont votre arrière-grand-père marquait ses sacs à blé, n'est-il pas un document digne d'intérêt ? Ces marques à feu dont nous trouvons les empreintes à peine effacées sur les vieux bancs d'église, — les bossettes et les brantes n'ont hélas ! pas aussi bien duré — ne forment-elles pas un merveilleux recueil héraldique des familles vaudoises, du vignoble à la montagne ? Pourquoi n'avouerais-je pas un faible même pour ces petites feuilles gravées et aquarellées, le plus souvent de provenance italienne, qui se cachent dans tant de maisons du pays et que les héraldistes trop rigoureux traitent souvent avec une sévérité excessive. Voici donc ce qui nous amène au troisième but de notre Armorial vaudois, celui de renseigner les familles du pays sur leurs armoiries, pour autant que nous les connaissons.
Le Vaudois a toujours eu du goût pour le blason. Les documents sont d'un telle abondance dans le pays que sans les patientes recherches d'autres héraldistes je n'aurai jamais pu rassembler les données du recueil que je me propose maintenant de publier. Un érudit d'une génération passée, Charles-Philippe Dumont, nous a laissé un trésor immense de cachets et de notes héraldiques. Parmi les vivants, mon ami F.-Th. Dubois a fait plus que tout autre pour conserver et augmenter l'amour du blason dans le pays et je lui dois une reconnaissance son borne pour son aide inlassable.
Maintenant on va tenter l'aventure, le premier tome est prêt et l'imprimeur attend. Les autres pages de cette feuille vous donneront un échantillon fidèle de l'ouvrage, ainsi que les renseignements d'ordres pratiques et financiers. Espérons que les souscripteurs seront nombreux et que, grâce à eux, l'Armorial vaudois verra le jour.
C'est dans cet espoir, Monsieur, que je vous prie d'agréer l'expression de mes salutations les meilleures.
D. L. Galbreath
Texte tiré de la feuille de souscription publiée en 1934.
- Armorial vaudois de 1934
- Détail de la planche XLV