Revue vaudoise de généalogie et d'histoire des familles 2018

Les familles hôtelières et le tourisme dans le canton de Vaud

Sommaire

  • Éditorial

  • TISSOT, Laurent, Introduction - Hôtellerie suisse et famille : une longue histoire recomposée
  • CIRAFICI, Sandrina, PIÈCE, Pierre-Yves, « La santé par les eaux ! », ou l’épopée de Bex-les-Bains à travers ses premiers hôteliers
  • CHOMBARD GAUDIN, Cécile, Quatre générations d’hôteliers romands : les Émery
  • LERESCHE, Simon, Jean Leresche, la volonté d’entreprendre
  • NARINDAL, Mathieu, L’hôtellerie suisse : une histoire de famille(s)

Editorial

Loïc Rochat et Lucas Rappo

Après les banquiers en 2017, ce numéro de la Revue vaudoise de généalogie et d’histoire des familles présente un volume thématique consacré à un autre fleuron de l’économie suisse : l’hôtellerie. Le canton de Vaud est particulièrement bien placé pour un tel sujet. Les grands hôtels ne manquent pas ; on pense spontanément à Montreux et à ses établissements bordant le lac ou à certaines luxueuses maisons lausannoises. Cependant, il ne faut pas négliger la petite hôtellerie. À travers les articles de quelques contributeurs, le lecteur pourra découvrir un aspect parfois oublié du tourisme de notre région. L’hôtellerie et son développement sont intimement liés à la présence et au passage des étrangers comme nous le verrons. Naturellement, le tourisme a aussi ses modes, ses hauts et ses bas. Certains lieux bien fréquentés un temps sont plus tard abandonnés voire détruits.

Le Cercle vaudois de généalogie entame cette année sa 3e décennie d’activité et la Revue vaudoise de généalogie et d’histoire des familles (RVGHF) demeure son fer de lance, sa vitrine et surtout sa réalisation majeure d’année en année. Il est, pour nous, essentiel de la sauvegarder et de poursuivre sa publication à une époque qui voit fleurir les revues numériques mais fortement baisser l’édition traditonnelle de versions papier. Les subventions pour l’aide à la publication d’ouvrages historiques sont de plus en plus difficiles à obtenir et l’effectif des membres du Cercle subit actuellement une tendance à la baisse. Ces deux phénomènes font que nous devons aujourd’hui redoubler d’attention dans le financement de la Revue sans toutefois toucher à sa qualité tant sur le fond que sur la forme.

Nous remercions vivement les auteurs qui nous ont aimablement offert leurs contributions, pour le plaisir des lecteurs autant que pour le progrès de la connaissance dans le sujet abordé ici.

Ce numéro débute par une introduction de Laurent Tissot, spécialiste de l’histoire de l’hôtellerie et du tourisme et professeur à l’université de Neuchâtel. Dans sa contribution, il synthétise les différents éléments que l’on peut tirer des quatre autres contributions, parmi lesquels l’innovation et l’internationalisme des hôteliers suisses.

En article de tête, Sandrina Cirafici et Pierre-Yves Pièce prolongent l’histoire des établissements de Bex, nés avec l’enthousiasme pour les bains de la région. Dans leur contribution, l’ensemble de l’histoire des hôtels de Bex est retracée, depuis le xviiie siècle jusqu’à la deuxième moitié du xxe siècle. Les familles hôtelières s’y succèdent aux côtés des hôtes de marque ayant fréquenté les lieux. Le lien entre hôtellerie et modes est indubitable en ce qui concerne Bex ; en effet, au gré des besoins et des évolutions en matière thermale, les établissements vont de succès en décrépitude. Cet article fournit un impressionnant panorama du destin des hôtels et des hôteliers de Bex-les-Bains, basé sur de nombreuses sources et documents.

À Yverdon-les-Bains, une famille a régné en maître sur les plus grands établissements, la famille Émery. Débutant sa saga familiale et hôtelière à Yverdon, Cécile Chombard Gaudin emmène le lecteur dans de nombreuses villes et palaces dans lesquels les membres de cette famille vaudoise ont exercé : Yverdon, bien sûr, Montreux, Évian, Nice, Menton, etc. Il s’agit ici d’une authentique famille d’hôteliers, débutant sa trajectoire au xixe siècle avec Siméon Émery qui achète en 1844 un hôtel à Yverdon. Sur trois générations, jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, les membres de cette famille seront influents dans de nombreux hôtels en Suisse et en France. Le destin des Émery est ainsi intimement lié à l’évolution du tourisme, en particulier à celui des palaces, entre la Riviera vaudoise et la Côte-d’Azur.

Plus modestement, Jean Leresche est actif à Ballaigues, dans le Jura vaudois, où le tourisme s’est également développé dès la fin du xixe siècle. Entrepreneur et hôtelier, cet homme, présenté par Simon Leresche, atypique et peu connu, ainsi que ses descendants, met en lumière les dynamiques économiques du Jura vaudois, en particulier son aspect touristique méconnu.

Finalement, Mathieu Narindal, doctorant à l’Université de Neuchâtel, fournit une contribution plus générale sur les familles d’hôteliers en Suisse entre les xixe et xxe siècles, sur leurs stratégies matrimoniales endogames et leurs visées dynastiques. De plus, les hôteliers suisses font preuve d’une grande mobilité, anticipant les développements d’une économie globalisée. L’auteur démontre également le rôle fondamental joué par les femmes dans le succès des entreprises familiales.

Les auteurs

  • Laurent TISSOT est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université de Neuchâtel (2006-2018). Doyen de la faculté des Lettres et Sciences humaines de 2009 à 2011. Études universitaires à Lausanne, Londres et Paris. Ancien président de la société suisse d’histoire économique et sociale ; ancien membre du Conseil de la recherche du Fonds national suisse de la recherche scientifique et ancien membre du comité et trésorier du Comité international des sciences historiques (CISH) ; membre du bureau exécutif du Conseil international de philosophie et des sciences humaines (CIPSH). Principaux thèmes de recherche : histoire des transports, du tourisme et des loisirs ; histoire de l’industrialisation (histoire des entreprises et histoire régionale).

  • Sandrina CIRAFICI, née en 1965 à Lausanne, est titulaire d’une licence ès-lettres en archéologie classique (prix de la Commune d’Écublens), et diplômée en Muséologie et Médiation culturelle à l’Université de Lausanne. De 2002 à 2008, elle est conservatrice du Musée historique du Chablais à Bex, voit son travail récompensé par le Prix Michel Baettig 2006 (5e rang), et préside durant plusieurs années la Fédération des associations et fondations historiques du Chablais. Elle est la conceptrice d’un parcours didactique entre Ollon et Bex inauguré en 2008, nommé « Le Sentier du Sel ». Elle crée et préside depuis 2009 l’Association Cum Grano Salis (« mettre son grain de sel »), qui a pour buts de poursuivre les recherches en archives et de valoriser l’histoire régionale du sel. Elle est la rédactrice du bulletin de l’association Le Saumoduc, elle organise des manifestations patrimoniales autour de la thématique du sel et a publié de nombreux articles sur l’histoire de l’« or blanc ».

  • Pierre-Yves PIÈCE, né en 1959 à Vevey, est ingénieur en informatique. Il figure parmi les membres fondateurs du Cercle vaudois de généalogie et entre au comité en 1993. Il préside l’association en 1995-1996, 2001-2002, 2013-2014 et 2019-2020. Il s’occupe également du site internet www.ancetres.ch et reprend, dès 2004, la rédaction des Nouvelles du Cercle. Ses recherches généalogiques portent essentiellement sur les familles Pièce, originaire de Bex (VD), et Fallet, originaire de Dombresson (NE). Il s’intéresse en outre depuis de nombreuses années à l’histoire régionale et en particulier à celle des mines et salines du canton de Vaud. Titulaire d’un CAS (Certificate of Advanced Studies) en Patrimoine et Tourisme de l’Université de Genève, il fait partie du comité de l’Association Cum Grano Salis, participe à l’organisation de différents événements patrimoniaux et publie de nombreux articles en lien avec l’histoire des mines et des salines.

  • Cécile CHOMBARD GAUDIN a fait des études de lettres classiques à la Sorbonne à Paris et de science politique à l’Institut d’études politiques de Paris. Elle a consacré sa thèse de doctorat à un aspect méconnu de Jean Giraudoux (Giraudoux et le débat sur la ville, 1928-1944 (dir.) Cahier Jean Giraudoux n° 22, Grasset, 1993). Sa vie professionnelle s’est déroulée au CNRS. Elle a consacré une biographie à l’écrivaine pour qui a été créé le prix Femina en 1904, Myriam Harry (1869-1958), romancière orientaliste et grand reporter au Moyen-Orient, dont le succès fut immense (L’Orient dévoilé – Sur les traces de Myriam Harry, Levallois-Perret, Éditions Turquoise, 2019). Son intérêt pour la famille Émery remonte à la découverte d’archives de la famille de son mari, Jean-Pierre Gaudin, dont la grand-mère était une Émery. Archives qui étaient si réduites qu’elle a voulu les étoffer en profitant de ses vacances pour interroger les archives en Suisse, en Italie, en France, en Allemagne pendant des années !

  • Simon LERESCHE, né à Ballaigues en 1989, obtient un Master en histoire moderne/contemporaine et langue et littérature françaises en 2013 à l’Université de Neuchâtel. Parallèlement à ses études, il mène des recherches sur l’histoire industrielle veveysanne et co-écrit l’ouvrage 150 ans de production de turbines à Vevey (1863-2013) publié aux Éditions Alphil. Avec son travail de mémoire, L’épopée touristique de Ballaigues (Éditions Mon Village, 2013), il retrace un pan de l’histoire du tourisme dans le Jura vaudois. Depuis 2014, il dirige le Musée du fer et du chemin de fer de Vallorbe.

  • Mathieu NARINDAL, né en 1987 à Nyon, est doctorant à l’Université de Neuchâtel. Titulaire d’une maîtrise ès lettres en histoire de l’Université de Lausanne, avec spécialisation en sciences historiques de la culture, il a fait de l’histoire économique et sociale du tourisme son principal champ de recherches. Auteur et co-auteur de plusieurs articles dans le domaine, il a participé, à l’Université de Neuchâtel, entre 2013 et 2017, à un projet FNS consacré aux mutations de l’industrie hôtelière suisse dans la première moitié du xxe siècle. Dirigée par le professeur Laurent Tissot, sa thèse porte sur la politique hôtelière menée en Suisse par l’État fédéral et les milieux hôteliers, de la Première Guerre mondiale aux années 1960. Parallèlement à son activité de chercheur, il enseigne le français, l’allemand et l’anglais à l’École des sous-officiers de carrière de l’armée (ESCA), à Herisau.

La Revue a été publié avec le soutien de l’École hôtelière de Lausanne (EHL).

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